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Tirage noir et blanc argentique réalisé manuellement d'après négatif sur papier baryté.
Tirage noir et blanc réalisé d'après un fichier numérique haute définition sur papier baryté.
Tous nos tirages sont réalisés par les meilleures tireurs en présence de l'artiste.
PHOTOGRAPHE : Eve LIVET
Je n'ai rien à dire sur mes photographies. Je laisse
aux autres le soin d'en parler. Explique-t-on la sensibilité ? J'aime voir tout
simplement. Et garder avec moi cette vision. C'est une prise de vue au sens
propre du terme. Comme une prise de guerre, mais pas n'importe laquelle, une
sur-prise… sur la mort ?
Une photographie c'est comme une pépite d'or. Quelque
chose de très précieux. C'est l'inouï de la découverte, de l'instant où c'est
là. Ce quelque chose qui m'est donné. Oui, c'est cela une photographie
pour moi, cet instant inouï. Ce battement de coeur derrière les cils. Cette
impression de revenir la poche pleine de cailloux merveilleux, qui seront
peut-être sans intérêt pour les autres mais qui, à mes yeux, sont un trésor.
C'est ma vie. Ma valise de négatifs et ma valise de carnets sont les objets
auxquels je tiens le plus au monde. J'ai l'impression d'avoir ma vie dans ces
valises. Et cette idée me rassure. Deux valises. C'est rien et beaucoup à la
fois.
Si je photographie au 1/125e, combien cela fait 250
photos ? Deux secondes ? Combien y-a-t-il de photos dans ma valise ? Je
n'ai jamais compté. 5000 photos ? 40 secondes. 10 000 ? Un peu plus
d'une minute. Et combien de vraiment bonnes ?
J'aime ce paradoxe. J'en ai besoin. C'est comme
être persuadée de pouvoir attraper un bout de ciel en tendant la main. C'est
comme croire au miracle. La vie est insaisissable, la photo saisie. Elle est
fugitive et elle fixe l'instant. J'aime la photographie parce qu'elle est
temps. Fondamentalement. Temps de la prise de vue, temps révélé sur le
film, temps du sommeil de la planche contact lorsqu'elle repose dans ma valise,
temps fixé sur le papier, temps des autres lorsqu'ils regarderont mes photos,
défi au temps. Je laisse parfois reposer mes contacts des années. Et puis un
jour, je les reprends et je découvre d'autres choses encore que je n'avais pas
vues alors.
No tengo nada que decir sobre mis fotos. Dejo a los otros la tarea de hablar. ¿Se puede explicar la sensibilidad? Me gusta ver, simplemente. Y conservar conmigo esa visión. Es una toma de vista en el sentido propio de la palabra. Toma de vista como toma de guerra, pero no cualquiera. Una toma particular. Algo robado a la muerte.
Una fotografía como una pepita de oro que una encuentra. Algo muy precioso. Es lo inaudito del descubrimiento, del instante en que ello está ahí. Ese algo que me es dado. Sí, así es una fotografía para mí, ese instante inaudito. Ese latido del corazon debajo de las pestañas. Esa impresión de volver con los bolsillos llenos de piedras maravillosas, que pudieran carecer de interés para algunos pero que, para mi, son un tesoro. Es mi vida. Mi maleta de negativos y mi maleta de cuadernos son los objetos mas queridos en este mundo. Tengo la impresión de que mi vida pulsa desde esas maletas. Y esta idea me conforta. Dos maletas. Son nada y mucho al mismo tiempo.
Si fotografío a 1 por 125 milésimas de segundo, ¿en cuánto consisten realmente 250 fotos? ¿Dos segundos? ¿Cuántas fotos hay en mi maleta? Nunca me puse a contar. ¿5000 fotos? 40 segundos. ¿10000? Un poco más de un minuto. ¿Y cuántas serían las buenas de verdad?
Esa paradoja me gusta. La necesito. Es como estar persuadida de poder atrapar la lavanda del cielo a manojos. Es como creer en los milagros. La vida es inasequible, la foto la pone en su sitio. Es fugitiva y al mismo tiempo fija el instante. Amo a la fotografía porque es Tiempo. Fundamentalmente. Tiempo del acto fotográfico, tiempo revelado sobre el rollo, tiempo del sueño de la plancha de contacto cuando reposa en mi maleta, tiempo fijado en el papel, tiempo de los otros cuando vengan a mirar mis fotos, desafío al Tiempo. Dejo reposar en ocasiones mis contactos varios años, casi muchos. Y luego un día, los retomo y descubro otras cosas en las que no me había entonces fijado.
Eve Livet
Photographe, journaliste et auteur de documentaires pour la télévision, Eve Livet vit principalement à Paris.
Eve Livet grew up in France. She studied art history, history ans
Greek at the University of Lyon and then journalism at the CPJ in Paris. For
the next 20 years she worked in foreign policy for many newspapers, magazines
and radio. In 1991 she won the Agena prize for her work on Africa.
Since 1993 she has co-directed several TV documentaries and received in 1995
the Leonardo prize of environment for her film "The environmental refugees".
She also published several books.
She has been Secretary-General of the "Association nationale des
reporters photographes et cinéastes" (ANJRPC-Freelens)in
France.
In recent years she decided to dedicate her time to photography that she pratices since 30 years, and began to show her work in galeries in Paris.
Work in progress : tauromachie/bullfighting.
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Miroirs détenus dans la pénombre, multiplication du temps et du destin. Des choses pas justes, du charbon tyrannique semblent faits les regards suspendus comme si la beauté était punie et en même temps honorée. ... Ce sont des idées qui font sentir le manque, celles qui nous accablent dans la […]
''Le pavot coulant des taureaux à l'arène et sa rouge réalité sont dans les cadrages noir et blanc sur pellicule une sorte de douleur religieuse, comme peuvent l'être les cierges noirs d'un monde secret. Le taureau a une âme chez Eve Livet et dans ses reportages sur la tauromachie, elle est le […]